Prix Konishi : Les titres de l’édition 2025 dévoilés

21/11/2024 • 09:44 • Eri

Le Prix Konishi de la traduction de manga japonais en français a dévoilé les nommés de l’édition 2025.

Ce prix, qui récompense la traduction d’un titre publié entre septembre 2023 et juin 2024, dévoilera son lauréat durant le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême fin janvier 2025.

Prix Konishi 2025

La règle de trois de Fumiya Hayashi

La règle de trois

Quand un triangle amoureux à la Jules et Jim traverse les générations : « Nous trois, ça aurait dû durer pour toujours. » Kôtarô et Tôru, voisins et amis d’enfance, sont autrefois tombés amoureux de la même jeune femme : Tôko. Tous trois ont formé un étrange triangle doux-amer, jusqu’à la disparition soudaine de Tôru. Aujourd’hui, malgré toutes les années, malgré son mariage en apparence paisible avec Tôko, Kôtarô reste hanté par les regrets et rongé par la culpabilité. Une rencontre comme un coup de tonnerre va brutalement ramener le couple dans le passé, à l’époque lumineuse où la vie s’écrivait à trois. Une nouvelle signature pour ce diptyque lumineux et doux-amer dont les deux volets paraissent simultanément.

Commentaire de la traductrice :
Lorsque je me suis lancée dans ce diptyque, j’ai tout de suite su qu’il faudrait qu’il soit parcouru d’une langue douce et fluide, qui se lirait comme un souffle. Je me suis donc attachée à ciseler les voix de chaque personnage dans ce sens. Simples en apparence, les dialogues et les monologues intérieurs des récits intimes nécessitent toujours une adaptation conséquente, car tout se joue justement dans les mots. Il faut soupeser chaque formule. L’effet sera sensiblement différent selon les termes employés, selon les choix opérés. C’est en cela que le travail de traduction, à fortiori du japonais vers le français, n’aura jamais rien à voir avec une simple transcription du sens. Il faut savoir transmettre l’indicible, celui qui se lit entre les lignes, donner du corps et de la crédibilité à des sentiments humains qui, bien qu’universels, ne s’habillent pas toujours des mêmes expressions d’une langue à l’autre.


Horimiya de Daisuke Hagiwara

Horimiya

D’un côté, il y a Hori, la lycéenne à la mode et populaire à première vue, mais qui est en fait une fille très simple et qui pense avant tout à sa famille. Et de l’autre, il y a Miyamura, le lycéen réservé qui se cache derrière ses lunettes, mais qui est en réalité un garçon chaleureux et aux nombreux piercings. Que se passe-t-il quand les deux se rencontrent par hasard sous leur véritable jour ?

Commentaire de la traductrice :
Horimiya représente un tournant dans ma carrière, car c’est le premier titre très attendu qu’on m’a confié, et qui plus est, un manga que je lisais et que j’affectionnais déjà depuis longtemps. C’est une fresque à la fois drôle et émouvante sur l’amour, qu’il soit romantique, amical, familial ou même de soi. À première vue, on pourrait croire que la traduction d’une romance lycéenne qui tire sur la tranche de vie ne présente pas de difficulté particulière, mais l’écriture fine des personnages et de leurs relations au moment où ils façonnent leur personnalité demande une grande justesse. Ma première mission a donc consisté à venir toucher le lecteur en plein cœur, à la fois sur les moments cruciaux comme plus anodins, sur la narration comme sur les dialogues.
L’autre difficulté importante de la série, c’est l’humour, qui nécessite un dosage assez subtil de langage jeune. Chaque lecteur doit pouvoir rire et s’identifier, mais les répliques doivent aussi sonner comme si elles étaient prononcées par de vrais adolescents. Ça s’apparente à un exercice d’équilibrisme où il faut éviter de tomber dans la caricature du lycéen écrite par un adulte dépassé, tout en veillant à ce que la traduction ne sonne pas trop estampillée 2020, ce qui la rendrait très vite datée. J’espère avoir réussi le pari, et que de nombreux lecteurs plus jeunes continueront à rire et s’émouvoir en découvrant les aventures de Hori, Miyamura et la bande ! Gaëlle Ruel


Comme une famille de Kai Asô

Comme une famille

Du jour au lendemain, Kinaho voit entrer dans sa vie routinière, Haruhi et Tôma, les neveux d’Akito son petit ami. Suite à un tragique accident de voiture, les deux jeunes garçons se retrouvent orphelins et sous la tutelle d’Akito. Ensemble, Kinaho et Akito vont découvrir les joies et difficultés d’une vie de famille. Suivez le quotidien d’une famille que le fil du destin a réunie.

Commentaire de la traductrice :
Comme une famille, c’est l’entrecroisement de plusieurs voix, d’âges et de caractères très différents, dont le discours varie également selon des règles de bienséance typiquement japonaises. Les expressions figées sont en effet légion, dans cette langue, et possèdent de nombreuses variantes qui nous renseignent immédiatement sur le contexte et le degré de formalité entre deux personnages. Par ce biais, Kai Asô nous montre par exemple que même l’anticonformiste Kinaho n’est pas pour autant irrespectueuse des autres. Retransmettre la voix de chacun de façon aussi dynamique que dans l’original, sans tomber dans une politesse qui semblerait excessive en français ni, à l’inverse, dans une familiarité démesurée, m’a parfois demandé un peu de gymnastique. Marina Bonzi


Du mouvement de la terre de Uoto

Prix Konishi 2025 : Du mouvement de la terre

Dans une société alors convaincue que la Terre, immobile, est au centre de l’Univers et que les autres astres connus tournent autour d’elle, des hommes et des femmes vont tenter de faire entendre leur voix pour affirmer qu’il n’en est rien, et que notre planète, comme les autres, tourne autour du Soleil. Du géocentrisme à l’héliocentrisme, il n’y a pas eu qu’un seul pas, mais beaucoup de temps, de recherches, de sang… et de courage !

Commentaire du traducteur :
Atypique. En réfléchissant aux nombreuses impressions que m’a laissées la série Du mouvement de la Terre, c’est le mot qui, en premier, m’est revenu. Atypique par son dessin, tout d’abord : épuré mais fonctionnel, il laisse rarement indifférent. Atypique par son cadre, ensuite : l’Europe du XVe siècle n’est pas exactement un décor fréquent en manga. Atypique par sa narration, également : au lieu de suivre un personnage central, on suit une idée. Une idée qui s’étoffe à mesure des rencontres qu’elle effectue. Parfois, elle peine à survivre. Mais peu à peu, elle prend corps… Atypique par son propos : riche et profond, il fait voyager le lecteur à la frontière de la science, de la théologie, de la philosophie et de la morale. Atypique, enfin, par la somme de travail qu’a réclamée sa traduction en matière de recherches, de réflexion et de choix… Une série cohérente et passionnante que je ne suis pas près d’oublier. Alex Ponthaut


Akane-Banashi de Yûki Suenaga et Takamasa Moue

Akane-Banashi

L’arrivée d’une jeune fille branchée et pleine de vie dans le monde traditionnel et très masculin du rakugo offre un contraste saisissant qui fait mouche ! À travers le parcours d’Akane, le lecteur découvre en détail les règles et les traditions qui régissent cet art unique en son genre, et c’est tout simplement passionnant ! Suivez cette jeune rakugoka à l’énergie communicative dans son apprentissage, et laissez-la vous raconter sa propre version des contes traditionnels humoristiques japonais… Que le spectacle commence !

Commentaire de la traductrice :
Le rakugo a beau avoir 400 ans d’histoire et un répertoire traditionnel très riche, c’est un art qui reste peu connu en France, peut-être parce qu’il s’agit d’un divertissement plus “populaire” que d’autres arts scéniques tels que le kabuki. On pourrait le qualifier de stand-up assis, avec un fort ancrage dans la culture populaire d’Edo. Ajoutez à cela les ingrédients d’un bon shonen et vous tenez Akane-banashi.
Le rakugo est une grande Comédie humaine, et j’adapte les récits avec en ligne de mire les émotions qui les animent. Je m’efforce de les rendre accessibles sans les dénaturer, conformément aux consignes de l’éditeur, qui a souhaité conserver plus de termes japonais que d’ordinaire, quitte à introduire quelques notes discrètes. Les contraintes du simultrad viennent accentuer ces défis : trouver le bon mot (d’esprit), c’est toujours compliqué, alors sous pression… Heureusement, je peux compter sur une équipe soudée. Géraldine Oudin


The Fable de Katsuhisa Minami

The Fable

Muni de son arme favorite, un pistolet Nighthawk couleur anthracite, “Fable” est un tueur professionnel craint de toute la pègre japonaise. Hommes politiques, mafieux, personnalités publiques… Ce génie de l’assassinat peut envoyer n’importe laquelle de ses cibles six pieds sous terre. Et en six secondes, si le cœur lui en dit. Sauf qu’un beau jour, son commanditaire lui ordonne de tout mettre en pause et de mener la vie d’un citoyen ordinaire, dans la planque d’un clan de yakuzas à Osaka. Interdiction de tuer ou d’attaquer qui que ce soit pendant une année entière. Pour cette arme humaine au tempérament imprévisible, entourée de criminels à la gâchette facile, c’est le plus dur des contrats qui commence…

Commentaire du traducteur :
Katsuhisa Minami a du vécu. On perçoit dans The Fable qu’il a bossé dans le bâtiment et côtoyé la rue avant de se lancer dans le manga. On sent aussi qu’il vient de la région d’Osaka, parce que l’humour du cru, un tantinet absurde, est omniprésent à travers les 22 tomes de ce titre. Satô, le personnage principal, fait de l’humour sans le savoir, comme monsieur Jourdain dit de la prose. Ce qui ne le rend pas ridicule pour autant, mais permet au contraire au lecteur de s’attacher à lui. Retranscrire cet humour, tout en préservant le côté sombre propre au monde du crime, et conserver les dialogues colorés riches en mots d’argots sont les deux défis que j’ai tenté de relever en tant que traducteur. Car on est ici aux côtés de yakuzas à la papa, et on y est bien. Djamel Rabahi


Les saisons d’Ohgishima de Kan Takahama

Les saisons d'Ohgishima

1866, Nagasaki, à la veille de la révolution de Meiji. Dans cet estuaire où les influences étrangères se mêlent à la culture japonaise, Tamao, enfant du quartier des plaisirs, part travailler avec la courtisane dont elle est l’apprentie chez un commerçant hollandais de Dejima, le quartier occidental. Au fil des saisons et des rencontres avec une foule de personnages bigarrés, elle entrevoit le vaste monde au-delà de sa cage, mais la marche du temps la rappelle inexorablement au destin qui l’attend, tout comme la société qui l’entoure. Après Le Dernier Envol du papillon et La Lanterne de Nyx, découvrez la nouvelle œuvre de Kan Takahama, lauréate du grand prix Osamu Tezuka en 2020. Un récit qui déploie les souvenirs de Tamao, 14 ans, née dans le quartier des plaisirs, et conte, au fil des saisons, les jours aussi beaux que cruels d’une adolescente condamnée à mourir jeune.

Commentaire du traducteur :
Traduire les mangas historiques de Kan Takahama est toujours un défi, même si je bénéficie de l’expérience de ses précédentes œuvres. Tout d’abord, ils sont les fruits d’un travail de recherches d’une minutie d’orfèvre, qui demande de se mettre au niveau pour être restitué avec justesse. Ensuite, ses protagonistes emploient des dialectes locaux du XIXe siècle, donnant aux dialogues une patine qu’il convient de conserver sans la surjouer. Mais surtout, Kan Takahama y dépeint un Nagasaki en forme de melting pot où se croisent citadins au vocabulaire parsemé de mots étrangers, Occidentaux écorchant chacun la langue à leur manière, chrétiens locaux à la terminologie religieuse japonisée, ou courtisanes et samouraïs possédant l’un et l’autre leurs langages codifiés. La palette linguistique est donc très vaste et il faut pourtant faire cohabiter toutes ces couleurs dans le même tableau, afin qu’à l’instar de ces personnages d’horizons épars qui se côtoient à travers les cultures, elles parviennent à dialoguer sur un pied d’égalité. Yohan Leclerc


Criminelles Fiançailles de Asuka Konishi

Criminelles fiançailles

Yoshino, petite-fille du boss du plus grand clan de yakuzas d’Osaka, a été élevée au cœur de la pègre. Une éducation qui lui a mis du plomb dans la tête, mais qui ne l’a pas empêchée de mener une vie paisible. Jusqu’au jour où son grand-père décide de la fiancer avec le très avenant Kirishima, petit-fils d’un puissant clan rival tokyoïte en vue d’unir les deux familles. Embarquée dans ces fiançailles arrangées, Yoshino accepte d’aller vivre à Tokyo afin d’apprendre à le connaître, sans se douter que cet individu dissimule derrière son sourire une personnalité très spéciale…

Commentaire de la traductrice :
Je suis très honorée de voir Criminelles Fiançailles nommé pour le prix Konishi car au-delà de l’univers particulier des yakuzas, ce manga fait découvrir toute la diversité régionale et les différences culturelles très présentes dans le quotidien au Japon, loin de l’image monolithique qu’en ont souvent les étrangers. Les retranscrire tout en gardant des repères familiers pour les lecteurs est l’un des défis de sa traduction. Anne-Sophie Thévenon


Chroniques de la mariée de Bretagne de Junji Takehara

Chroniques de la mariée de bretagne

XIIIe siècle, Bretagne… Thomas, un héraut, arpente un champ de bataille au péril de sa vie. À la fin de la bataille, il se voit confier une nouvelle mission : trouver une épouse pour l’héritier du duc de Bretagne ! Afin de s’acquitter de sa tâche, Thomas se rend à un tournoi en quête d’André le Bleau, un ami de son seigneur… Mais il va tomber nez à nez avec Andrée, une ravissante jeune fille habillée en chevalier, qui semble vouloir attenter à la vie du duc !

Commentaire de la traductrice :
Le Moyen Âge, la Bretagne, des chevaliers, de l’héraldique… Quand Kurokawa m’a proposé cette œuvre, j’ai tout de suite su que j’aurais beaucoup de plaisir à travailler dessus ! L’Europe médiévale est la passion de Junji Takehara, ça se voit dans chaque détail apporté à l’histoire. Ce qui demande pas mal de recherches, mais comme ce manga est ancré dans la réalité, il est parfois plus facile de retrouver des termes existants et des noms de personnages historiques que de devoir inventer tout un lexique, comme c’est le cas pour des univers de fiction. J’ai sauté sur la première occasion d’introduire du breton dans la version française, une langue que je n’ai pas la chance de maîtriser mais mon texte a pu être corrigé par l’intermédiaire de l’éditeur qui a d’ailleurs fait traduire tout le premier chapitre en breton ! Fédoua Lamodière


Show-Ha Shoten ! de Akinari Asakura et Takeshi Obata

Show-Ha Shoten

Au lycée, Azemichi Shijima n’ose pas parler en public… Pourtant, il est l’un des lycéens les plus drôle du pays ! Connu sous le pseudonyme « Everyday Shijimi », il a remporté de nombreux concours d’humour à la radio. Son envie de monter sur scène se concrétise lors de sa rencontre avec Taiyô Higashikata, qui rêve d’être le meilleur humoriste du Japon ! Après avoir conquis les élèves lors du festival de l’école, ils se lancent dans les concours de stand-up régionaux. Mais de redoutables adversaires les attendent !

Commentaire du traducteur :
Lorsque l’on m’a proposé la traduction de Show-ha Shoten !, j’étais enthousiaste à l’idée de travailler sur une série dessinée par l’illustre Takeshi Obata, même si je me doutais que la tâche serait ardue. On dit souvent, à juste titre, que les mangas humoristiques sont difficiles à traduire. Celui-ci n’échappe pas à la règle et va même plus loin en décryptant les mécanismes de la comédie japonaise. Je dois donc trouver les mots justes pour aider le lectorat francophone à mieux comprendre cette culture humoristique singulière. De plus, la traduction des sketchs exige patience, réflexion, et parfois un brin de chance, pour dénicher des termes, des expressions et des blagues qui résonnent auprès des lecteurs sans trahir le sens original. Et tout cela, pour le meilleur… et pour le rire ! Rodolphe Gicquel

MANGA CLIC - publicité