D’abord connue pour la série Frankenstein Family, Yanai marque son retour en France avec la sortie de Self__ édité par ChattoChatto. Ici, l’artiste revient sur des moments difficiles de sa vie et transforme ce one-shot en un miroir de son for intérieur.
Sombrant dans la spirale infernale de la dépression suite à une dispute qui aurait pu sembler anodine, la mangaka y évoque ses pensées suicidaires, ses mutilations, ses nombreux bas, ses quelques hauts, à travers deux personnages. En choisissant de personnifier deux facettes d’elle-même, l’émotivité et le rationnel, elle leur confie la tâche de porter le récit tout en représentant de manière juste et sincère les sentiments, parfois contraires, qu’elle ressentait.
Pour accompagner ce témoignage difficile mais nécessaire, l’autrice s’appuie sur un dessin qu’elle a choisi de garder brut, sans trames, ni planches remises au propre. Comme si les émotions se couchaient directement sur le papier, l’art devient exutoire. Ainsi, ce manga n’est pas une histoire à proprement parler, mais une illustration d’un flot de pensées qui assaillait la créatrice à un instant précis de sa vie. Pourtant, au fil des pages, le lecteur est happé par ce portrait peut être sombre, mais toujours authentique qui se déploie sous ses yeux.
Entre réflexions et prises de recul, la mangaka prend soin de préciser que son œuvre n’est pas un ouvrage scientifique. Incitant ceux qui souffrent à parler, elle ne donne pas les clés pour s’en sortir mais dévoile comment elle y est parvenue. On retrouve alors certains sujets déjà présents dans Frankenstein Family tandis que çà et là ses anciens personnages surgissent. Le thème de l’acceptation de soi apparait d’abord discrètement puis avec beaucoup plus d’aplomb au fur et à mesure que le ton s’éclaircit.
Self__ est finalement un titre poignant et atypique. Sans chercher l’apitoiement, Yanai dévoile avant tout une expérience personnelle mais offre aussi une description très juste de la dépression et nous invite à réfléchir.
Du côté de l’édition, ChattoChatto livre un tome très sobre, doté d’une couverture blanche sans résumé en quatrième de couverture. Un ensemble qui s’accorde parfaitement avec le propos tenu.
